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les forçats du mariage

Cependant Étienne s’étonnait de ne plus le voir. Il lui fit plusieurs visites, sans parvenir à le rencontrer.

Mais il trouvait Marcelle qui lui témoignait une très-vive sympathie ; car elle devinait qu’il était destiné à souffrir comme elle.

Maintenant que son mari n’allait plus chez Juliette, la pauvre femme se demandait avec de nouvelles inquiétudes où il passait ses journées.

Plusieurs fois déjà, Robert lui avait fait signer des papiers sans même les lui lire. Elle n’avait osé ni lui refuser sa signature, ni le questionner. Elle supposait seulement qu’il s’agissait d’argent ; et comme la fortune lui appartenait, sa délicatesse lui faisait un devoir de montrer d’autant plus de réserve à ce sujet.

D’ailleurs cette question d’intérêt la touchait beaucoup moins que l’abandon de son mari, qui maintenant la délaissait entièrement.

Juliette, seule, comprit que Robert se jetait dans la dissipation pour l’oublier. Elle en ferait autant ; car elle aussi souffrait, et elle était trop fière pour pardonner une seconde fois.

Elle sortit presque chaque soir, reçut chez elle, donna des fêtes, fit grand fracas avec ses chevaux, grand tapage avec ses toilettes. Ce qui la soutenait, à son insu peut-être, dans cette vie étourdissante, c’était l’espoir de rencontrer Robert. Mais elle ne le trouva nulle part. Il vivait dans un autre monde.