Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/202

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
196
les forçats du mariage

ma liberté comme je te laisse la tienne. » Quelle dérision ! ma liberté ! que veut-il que j’en fasse ?

— Alors, pauvre amie, tu n’as qu’un parti à prendre : te résigner, attendre que les années et les déceptions te le ramènent.

— Ah ! je serai morte auparavant, soupira-t-elle.

Comme Cora sortait, elle rencontra Robert dans la cour de l’hôtel.

Robert aimait toutes les jolies femmes, mais particulièrement Cora, dont l’esprit original, la beauté un peu fière avaient piqué sa curiosité et son amour-propre.

— Eh bien ! lui dit-il gracieusement, vous venez encore de donner vos mauvais conseils à Marcelle ?

— Oui, certes !

— Lesquels ?

— Je l’ai fortement engagée à vous infliger la peine du talion.

— Mais d’abord, de quoi m’accuse-t-on ?

— De tuer lentement votre femme, répondit Cora avec gravité.

— Cette chère Marcelle est vraiment une enfant, repartit Robert. Voyons, que faudrait-il pour la rendre heureuse ?

— Vous ne vous en doutez pas ? L’aimer.

— Mais je l’aime de toute mon âme.

— Ce n’est pas assez ; il faudrait l’aimer encore de tout votre cœur, et le lui prouver surtout en restant plus souvent auprès d’elle.