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les forçats du mariage

Quand il entendit le frôlement de la robe de sa femme, pas un muscle de son visage ne bougea. Seulement, par l’effet sans doute d’une violente contraction de l’organisme, ses coudes se rapprochèrent du corps ; des gouttes de sueur perlaient à ses tempes.

— Comme tu rentres tard ? dit-il d’une voix tranquille.

Elle avait préparé une histoire, car elle sortait rarement seule, surtout pour une absence aussi longue.

— Je suis allée, répondit-elle, à mon ancien couvent, rue Notre-Dame-des-Champs. Là j’ai appris qu’on prêchait à Saint-Sulpice. Le sermon s’est prolongé ; puis je me suis confessée. Depuis si longtemps je n’avais rempli mes devoirs religieux !

Étienne, en l’écoutant, ne la regardait pas, craignant peut-être de découvrir qu’elle mentait. Mais sa pupille, extrêmement dilatée, ne laissait plus au tour de la prunelle qu’un mince filet bleu clair.

— Et tu n’as pas eu froid à l’église si longtemps ? demanda-t-il.

— Non. Est-ce qu’il fait froid ?

— Une autre fois, je t’en prie, ne t’attarde pas ainsi, j’ai eu beaucoup d’inquiétude.

— D’inquiétude ? Pourquoi ?

— Tu étais sortie à pied, je redoutais un accident.

— Il faut bien pourtant que tu t’habitues à me