Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
202
les forçats du mariage

Sans doute ces larmes étaient sincères. Cependant elle ne songea pas un instant à rompre avec Robert. Elle dissimulerait mieux, voilà tout, s’abriterait derrière le voile de la religion. Ainsi cette femme si fière, d’une franchise souvent brutale, s’abaisserait jusqu’à la ruse, jusqu’à l’hypocrisie, jusqu’à cette indignité : tromper un homme de cœur.

XXIV


Dès lors, ces deux intérieurs recouvrèrent un peu de calme.

Pendant quelques mois, Juliette et Robert s’aimèrent réellement, non plus avec cette effervescence maladive, cet éréthisme moral qui est le propre des affections entravées. C’était un amour toujours impétueux, entier, mais sans colère, sans retour vers le passé.

Juliette heureuse, était bonne, douce surtout pour Étienne, non pas seulement afin de le mieux tromper, mais par remords, par pitié : car le pauvre Étienne l’aimait si exclusivement, avec une abnégation si complète ! Il n’avait pour ainsi dire plus d’existence propre. Juliette était sa vie, sa raison d’être, tout son bonheur.

Robert, également plus coupable envers sa femme, se montrait aussi à son égard plus attentif, plus empressé.