Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
les forçats du mariage

Étienne, par derrière, marchait à côté de Marcelle.

— Voilà cette belle Juliette que tu désirais tant connaître, dit Robert. Je te préviens que tu vas en tomber amoureux.

— Eh bien ! et toi, c’est fini ?

— Non, mais je ne suis pas jaloux.

— Tu l’étais l’an dernier.

— Jaloux, moi ? Pas possible ! Je ne me souviens pas.

— Que te disais-je ? Tu ne l’aimes plus.

— Je l’adore et je l’adorerai longtemps.

— Tu ne dis plus : toujours.

— Vois quelle démarche élégante et voluptueuse ! Cette femme exhale la passion par tous les pores.

— Et ta femme ne s’aperçoit de rien ?

— Ne me rappelle pas mes torts, mon ami, dit-il en posant sa main sur celle de Pierre, car je suis bourrelé de remords.

— Hélas ! tu n’étais guère destiné à faire le bonheur d’une seule femme, ainsi que le veulent à toute force les monogames féroces.

— En effet, repartit Robert, nos lois, nos préjugés et le hasard aussi amènent des unions bien baroques, des méprises bien funestes. Le mariage de Juliette et d’Étienne est au moins aussi mal assorti que le mien ; car Juliette est comme moi une nature impétueuse, incompressible, tandis qu’Étienne et Marcelle, tous deux tendres, dévoués, constants,