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les forçats du mariage

Ils trouvèrent au salon Robert et Juliette, qui racontaient, avec une apparente tranquillité, leur odyssée à travers le parc.

— La nuit était si belle, si invitante ! Nous espérions, dit Juliette, que vous viendriez nous rejoindre. Nous ne pouvions supposer que vous resteriez enfermés ici, au lieu de profiter, à notre exemple, de cette magnifique soirée.

Robert et M. Rabourdet reconduisirent M. et Mme Moriceau jusqu’au chemin de fer. Ils s’y rendirent à pied ; ce n’était qu’une promenade. M. Rabourdet s’empara du bras de Juliette. Une femme qui bravait ainsi les convenances, ne pouvait être trop rigide. Il conçut un nouvel espoir. Juliette d’ailleurs, moins distraite, l’écoutait avec bienveillance, et mettait même à ses réponses une nuance de coquetterie.

Étienne marchait derrière eux, à côté de Robert.

Il ralentit le pas ; puis, s’arrêtant tout à coup et plongeant son regard dans celui de M. de Luz :

— Vous êtes l’amant de ma femme, dit-il d’une voix sourde.

— Moi, l’amant de Mme Moriceau ! s’écria Robert avec une surprise si parfaitement jouée qu’Étienne en fut presque dupe. Ne vous ai-je pas raconté, continua-t-il, quels engagements sacrés…

— Je ne crois pas, interrompit Étienne, qu’il existe pour vous d’engagements sacrés. J’ai des doutes, des soupçons tellement fondés que dans