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les forçats du mariage

Sans doute, elle avait mis à dessein cette robe de mousseline claire, qui laissait entrevoir, sous un fin tissu, ses splendides épaules et ses beaux bras de statue. Elle avait laissé tomber le riche burnous qui les enveloppait, et elle semblait éprouver un vaniteux plaisir à sentir le regard ému de Démosthènes Rabourdet s’égarer sur son cou si blanc, folâtrer au travers des petites boucles rétives échappées au peigne, et soulever le transparent fichu de mousseline.

— Ainsi, monsieur, disait-elle avec une grâce pleine d’intentions, nous pouvons compter que vous attendrez deux ans encore le payement de cet hôtel ?

— Tout le temps que vous souhaiterez, madame. Veuillez vous souvenir que je n’ai avancé cette somme que pour vous être agréable. Croyez qu’en acceptant ce très-léger service, vous m’avez constitué, non pas votre créancier, mais votre débiteur.

Et ce disant, il prenait la main de Juliette, et déposait à la naissance du bras, plus haut que le gant, un baiser trop rempli d’espérances pour être complètement respectueux.

Et Juliette ne retirait que lentement son bras.

— Bien plus, reprenait-il, tout enivré de cette première faveur, j’ose implorer que vous mettiez le comble à vos bonnes grâces en me choisissant dorénavant pour votre banquier. Une femme à la mode, comme vous, a tant de petits créanciers que