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les forçats du mariage

de Lucette d’une manière infâme, je l’avoue. Ma seule excuse, c’est que je n’avais pas ma raison. J’étais, comme hier, tout à fait gris. Quant à Mme Moriceau, j’ai rompu avec elle ; elle va partir, d’ailleurs. Je ne la reverrai jamais. Marcelle, je t’en conjure, sois bonne une fois encore. Ne crois pas, comme le prétend ta mère, que je sois ingrat. Chacun de tes pardons accroît ma reconnaissance et ma tendresse pour toi.

Sans doute le repentir de Robert était sincère ; mais Marcelle, si souvent déçue, ne croyait plus à ses protestations.

Elle soupira tristement. Trop accablée pour résister plus longtemps, elle lui abandonna la main qu’il sollicitait ; et le conduisant auprès du berceau de son enfant :

— Jurez-moi, dit-elle, sur la vie de notre fils que, quoi qu’il puisse arriver, vous ne vous battrez pas avec M. Moriceau.

— Je le jure sur la vie de notre enfant et sur notre amour.

Qu’était-il devenu, hélas ! ce bel amour qu’il invoquait ? Qu’était devenue cette tendresse exaltée qui autrefois lui montrait Robert comme un dieu ? Ces dernières blessures avaient à jamais tué en elle la foi et l’amour. Si elle conservait pour son mari un reste d’affection, ce n’était plus qu’un sentiment de pitié.