Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
342
les forçats du mariage

nous allions là-bas, viens nous voir. Nous te pardonnerons, car nous t’aimons toujours de tout notre cœur.              « pierrot. »

— Laisse donc cette lettre, dit l’artiste. Elle a dû être revue et corrigée par Annette. Je n’aime plus cette femme. Nous faire souffrir tous depuis deux ans, avec cet entêtement qui lui a pris tout à coup !

— Cependant…

— Ne m’en parle plus.

— Au fait, tu as raison : ne te marie pas ; cependant…

— Tu m’impatientes avec tes cependant,

— Laisse-moi achever : cependant quand on s’est entendus pendant dix ans, il y a beaucoup de chances pour que l’on continue à s’entendre.

— C’est tout le contraire. Tu le vois bien d’ailleurs, puisque nous voilà brouillés. Mais parlons, je t’en prie, de Mme Moriceau. Il alla retourner une grande toile sur laquelle Robert, ébloui, vit une magistrale ébauche du portrait de Juliette. Il y avait là une splendeur de coloris inouïe, une hardiesse de lignes, une largeur de dessin vraiment admirables.

— Eh bien ! dit-il, je trouve Mme Moriceau plus belle encore. Je n’ai pas su rendre la passion de son visage pâle et de ses grands yeux sombres. Retrouver cette expression, c’est depuis deux ans