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les forçats du mariage


XXXIX


Marcelle obtint gain de cause. La séparation de corps et de biens fut prononcée. Du reste, Robert ne se défendit pas. Il acceptait même avec bonheur cette sorte de divorce.

En se retrouvant libre, il se sentit comme rajeuni, ressuscité.

Marcelle, au contraire, quoique guérie de tout amour, éprouva de cette séparation une amère tristesse. Bien qu’en réalité elle fût veuve, le monde lui faisait un devoir de ne plus aimer, de rester fidèle à un homme qui, lui, avait manqué à tous les serments et à tous les devoirs, à un homme qui avait brisé sa vie et son cœur.

Elle prit son enfant, le serra passionnément dans ses bras, et pleura longtemps.

Cet enfant avait quatre ans alors, et dans trois ans le père pourrait le lui prendre.

Depuis qu’elle plaidait, elle n’avait pas revu Robert. Peut-être conserverait-il quelque ressentiment de ce procès, et un jour, par vengeance, réclamerait-il l’enfant. Elle pensa d’abord à lui écrire ; mais une froide lettre ne saurait le convaincre, l’attendrir, comme la vue de ses larmes, de sa profonde douleur.

Elle se résolut à l’aller voir.