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les forçats du mariage

— Je vous supposais plus d’amitié pour un vieux camarade.

— Vous ne me comprenez pas.

— Alors je demande une explication.

— Il ne me plaît pas de m’expliquer.

— Bizarre fille ! murmura Robert. Vous vous ennuyez bien ici, n’est-ce pas, Juliette ?

— Oh ! oui, surtout quand je passe huit jours à attendre quelqu’un qui ne vient pas.

Il y avait des larmes dans sa voix.

— Pardonnez-moi, dit Robert.

— Non.

— Pourquoi ?

— Parce que cela me coûterait, et que vous n’y tenez guère.

— Enfant gâtée.

— Gâtée, moi !

— Votre grand’mère est souvent grondeuse, j’en conviens.

— Qu’est-ce que cela me fait ?

— Alors c’est la solitude qui vous ennuie. En effet, depuis votre sortie du couvent, votre vie est bien triste pour une jeune fille. Sans doute, je me suis assez mal acquitté du devoir que j’ai contracté, il y a bientôt huit ans, lorsque je promis à votre mère mourante de veiller à votre bonheur.

— Ah ! je ne vous fais aucun reproche, dit-elle d’un ton plus doux. Vous avez été très-bon pour moi.