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les forçats du mariage

Enfin, dégagé de ces liens, de ces devoirs si antipathiques à sa nature indépendante et mobile, il vit en Marcelle une autre femme, une femme qui ne lui appartenait plus, et qui dès lors avait pour lui l’attrait du fruit défendu. Il sentit renaître son amour ; ou plutôt, pour la première fois, il éprouva auprès d’elle un trouble véritable. Une fantaisie bizarre s’empara de lui : il voulut reconquérir sa femme.

Il s’humilia, implora ; il déploya cette éloquence passionnée et ces caresses de langage qui lui avaient si souvent ramené le cœur de Marcelle. Il devint pressant, audacieux même.

Marcelle crut à un caprice, à une dépravation.

Elle se leva toute pâle d’effroi, toute frémissante.

— Ne m’outragez pas, dit-elle. Il ne peut plus y avoir entre nous que de l’amitié. Si nous nous revoyons, comme je l’espère, veuillez ne pas l’oublier. Et elle sortit.

Robert resta un instant comme étourdi.

— Ah ça voyons ! dit-il, est-ce que je serais amoureux de ma femme à présent ? Mais oui, c’est positif. Me voilà tout ému, parole d’honneur ! J’ai voulu la séduire, je crois. En effet, ce serait piquant. Bah ! quoique séparés, nous ne restons pas moins mariés. Si je revenais à elle, il faudrait encore l’aimer éternellement. Et d’ailleurs Juliette…