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les forçats du mariage

Moriceau, ajouta-t-elle avec élan, en lui tendant ses deux mains !

— Vous ! vous ! balbutia Étienne tout ému de surprise.

Il hésita pourtant.

— Merci de cette offre si généreuse, reprit-il, merci de votre confiance, mais je ne puis accepter, madame.

— Ainsi vous refusez, dit Marcelle tristement.

— Oui, madame.

— Vous ne me jugez donc pas digne de votre amitié ?

— Ah ! madame, une amitié comme la vôtre serait pour moi, croyez-le, un bonheur inespéré. Mais votre générosité même me fait un devoir de refuser. J’ai pour votre caractère un si profond respect, vous méritez si bien l’estime de tous que je craindrais les interprétations malveillantes du monde. Un seul mot qui atteindrait votre réputation, serait pour moi le plus grand de tous les chagrins.

— Certes, repartit Marcelle avec dignité, il faut tenir à la considération du monde, et j’y tiens autant que personne ; mais l’amitié que je vous offre ne peut en rien porter atteinte à ma réputation. Si je croyais que votre cœur comme le mien fussent encore accessibles à une affection plus tendre, je ne vous eusse jamais fait cette proposition. Je sais tous les dangers de l’amitié entre un homme et une femme encore jeunes ; mais nous avons trop