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les forçats du mariage

dans cette maison du moins, si ses doutes eussent été fondés.


XL


Six ans après les événements que nous venons de raconter, c’est-à-dire l’année dernière, au commencement de juin, Marcelle écrivait à Étienne, alors à Nantes :

« Mon ami,

» Je pars pour Roscoff, où vous avez eu l’obligeance de me retenir une chaumière ; mais vous ne me dites pas que vous en ayez retenu deux : c’est là ce qui m’inquiète. La chaumière n’est supportable qu’avec un cœur, et je ne puis me passer du vôtre. Depuis votre départ, je suis obsédée par toutes sortes de diables bleus. Pourquoi nous avez-vous quittés aussi brusquement le mois passé ? Des affaires pressantes, disiez-vous. Et puis vos visites plus rares cet hiver, et puis cette seule et unique chaumière, et puis vos lettres laconiques, et puis, et puis… Je me fais tant et tant de questions, je me livre à des suppositions si fantastiques que je n’en dors plus ; et l’idée que vous avez peut-être un secret chagrin, m’ôte l’appétit.

» Vous savez que votre amitié est mon seul bonheur en ce monde ; et si je devais la perdre… Mais