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les forçats du mariage

départ d’Étienne, car elle gardait aussi Juana pendant leur séjour au bord de la mer.

Ce soir-là, elle les envoya reposer de meilleure heure.

— Voyons, chers enfants, leur dit-elle, venez faire votre prière.

Et tous deux agenouillés devant Marcelle, les mains jointes sur ses genoux, récitèrent leur prière du soir.

Marcelle, sans être exagérée dans sa dévotion, était restée pieuse. Son esprit un peu faible, chez lequel le sentiment dominait la raison, n’avait pu s’affranchir des préjugés religieux. Mais sa piété était douce et élevée comme son âme.

Quand les enfants eurent terminé, elle ajouta avec un accent pénétré :

— Mon Dieu, veuillez que ceux qui nous ont fait du mal ne soient pas punis de leurs fautes, et pardonnez-leur comme nous leur pardonnons.

Étienne, à ces paroles, sentit ses yeux se mouiller.

— Qui donc t’a fait du mal, maman ? s’écria le petit Charlot. Je voudrais bien le savoir, car je ne lui pardonnerais pas du tout.

— Moi non plus, fit Juana, qui répétait ordinairement ce que disait Charlot.

— Voyons, Charlot, si tu avais battu Juana, et si Juana, au lieu de te le rendre, venait t’embrasser, ne serais-tu pas honteux de ta méchanceté et dis-