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les forçats du mariage

— Pas tous. Vous m’avez dit avoir lu Paul et Virginie, les Confessions de Jean-Jacques et la Nouvelle Héloïse.

— Vous me croyez romanesque ?

— Je vous crois une imagination très-ardente ; et c’est afin de prévenir les périls où pourrait vous jeter cette disposition d’esprit, que je désire vous marier. Je vous trouverai un homme bon, riche, estimable.

— Encore une fois je ne veux pas me marier, interrompit-elle sèchement. Mon père et ma mère ont trop souffert du mariage. Rentrons, il fait froid.

En effet, Juliette grelottait, ses dents claquaient, et son bras tremblait si fort sur celui de Robert, qu’il lui demanda si elle avait la fièvre.

— C’est possible, répondit-elle ; car je n’ai pas dîné.

Ils restèrent quelques instants silencieux.

Arrivés au salon :

— Ne faites pas de bruit, dit Juliette, grand’mère dort. Sa chambre est là. Venez dans la mienne.

Robert sans doute prévit un danger. — Je ne puis m’arrêter longtemps, on m’attend à neuf heures. D’ailleurs vous êtes souffrante, je reviendrai demain.

Ils se trouvaient dans une obscurité complète.

— Non, venez, insista Juliette, j’ai à vous parler. Elle le saisit fortement par la main et l’entraîna.

Il essaya encore de résister.