Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
390
les forçats du mariage

tendresse pour moi, pauvre femme ! L’amour maternel en a fait une sainte, une martyre.

— Ah ! oui ! soupira Étienne, que de victimes obscures, si complètement écrasées par le mariage, qu’elles n’ont plus même la force de se plaindre !

— Ma pauvre mère, reprit Marcelle, a tant souffert des violences de mon père, de ses reproches iniques, qu’elle en a pris une sorte de tremblement nerveux. Elle est réellement malade, et j’espère que l’air de la mer, le calme surtout et nos soins parviendront à la rétablir. Seulement, mon ami, peut-être serons-nous obligés de nous voir un peu moins souvent. Vous savez à quel point ma mère est jalouse de mon affection, et cette jalousie augmente de jour en jour.

— Est-ce mon éloignement que vous ordonnez, madame ? demanda Étienne bouleversé.

Au même instant, un éclair illumina le ciel, et un coup de tonnerre terrible ébranla la cabane. Une rafale poussa violemment les fenêtres entr’ouvertes, la bougie s’éteignit, un meuble renversé tomba avec fracas.

Surpris par cette brusque tempête, tous deux se levèrent à la fois. Marcelle jeta un cri ; tremblante, elle s’élança vers son ami, et de tout son poids s’appuya sur le bras frissonnant d’Étienne, qui la serrait doucement contre lui, ainsi qu’un enfant effrayé qu’on veut rassurer.