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les forçats du mariage

— Cette femme que je hais, la charger d’élever ma fille ! ma fille à moi, la vôtre ! Non, non, je ne le veux pas. Je réclamerai mon enfant. Ah ! comme vous me méprisez ! Vous estimez donc bien votre femme ! Elle est pourtant aussi coupable que moi maintenant, puisqu’elle aussi a un amant.

En cet instant la porte de communication fut poussée violemment. Étienne, pâle, livide, effrayant, se précipita dans la chambre, le poignard levé. Il courut droit à Juliette ; et, rapidement, avec une adresse de sauvage, avant qu’elle eût pu faire un mouvement, il la frappa au cœur.

Elle poussa un râle sourd et tomba.

Alors Étienne, se tournant vers Robert, voulut aussi le frapper ; mais Robert esquivant le coup, le désarma, et sortit pour appeler du secours.

Quand il rentra, accompagné de plusieurs hommes, on trouva Étienne tranquillement assis.

On s’approcha.

Ses deux mains étaient posées sur ses genoux. Sa tête, inclinée en avant, restait immobile. Ses yeux fixes, démesurément ouverts, regardaient dans le vague. Les muscles de son visage étaient horriblement contractés.

On lui adressa la parole. Mais au lieu de répondre, il éclata d’un rire saccadé, strident, effroyable.

Tous reculèrent d’épouvante.

Il était fou.