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les forçats du mariage

fauteuil, comme si elle défaillait. Je n’osais te le dire ; mais j’avais peur qu’il ne revînt pas. Laisse-moi le recevoir seule, je préfère lui parler moi-même.

— Comme elle l’aime ! murmura la pauvre mère.

Cependant Robert avait été arrêté dans le vestibule par son futur beau-père.

— Eh bien ! lui demanda M. Rabourdet, pour quoi n’êtes-vous pas venu hier ? Marcelle est malade et Mme  Rabourdet fort mécontente de vous.

Robert balbutia quelque mauvaise excuse.

— C’est bien, je comprends… Une femme, reprit à demi-voix, avec un clignement d’yeux expressif, le futur Démosthènes de la Chambre. Une chaîne difficile à rompre, je parie. Elle s’est cramponnée, la malheureuse, et vous l’avez consolée de votre mieux. Est-elle brune ou blonde ? J’ai entendu parler d’une princesse. Avez-vous dû en faire de ces passions, heureux scélérat ! Ah ! si j’avais eu votre physique, votre nom, une vie moins laborieuse ! Mais je n’ai que cinquante ans ; et tel que vous me voyez, je suis encore vert. Je compte que vous me présenterez à vos amis et à vos amies, car je suis grand amateur.

— Et la morale, objecta Robert en riant.

— La morale, allons donc ! Entre nous, c’est bon pour les naïfs et pour les gens qui n’ont pas le sou. Vous ne me connaissez pas, mon cher. Je suis un esprit supérieur qui juge de haut les choses et les hommes.