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les forçats du mariage

Elle espérait reconnaître dans la rue le pas de Robert.

Elle rentrait chancelante et désespérée.

— Qu’avez-vous donc, Juliette ? lui demanda Mme de Brignon.

Elle fut sur le point de lui avouer sa torture. Elle, si fière, pour apaiser sa souffrance, eût imploré une caresse, une parole amie.

Mais sa grand’mère ne lui adressait que des paroles maussades, des reproches aigres sur le peu d’attention qu’elle lui montrait.

— Ne voyez-vous pas que je suis malade ? Ne sauriez-vous m’offrir un verre de tisane ou me faire la lecture ?

Juliette écoutait sans entendre et ne répondait point.

À six heures, Robert n’était pas venu.

Il ne l’aimait pas !

À cette pensée il lui sembla que sa tête allait éclater.

Elle ne put dîner, prétexta un malaise pour se retirer dans sa chambre.

Elle se jeta sur son lit, ferma les yeux, et resta immobile, les deux bras étendus à ses côtés.

Deux ruisseaux de pleurs s’échappaient de ses paupières, et roulaient sur ses tempes.

Ces larmes parurent la calmer.

À huit heures quelqu’un sonna.

Ce n’était qu’une lettre, une lettre de Robert.