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préface

miscer dans leurs rapports intimes, sans porter une grave atteinte à la liberté individuelle ? Est-ce que ce droit qu’elle s’arroge ne constitue pas un abus de pouvoir ?

N’est-il pas admis dans notre législation comme un principe, que tout contrat d’association, aliénant perpétuellement la liberté des contractants, est nul de droit ? Pourquoi cette exception pour l’association du mariage ?

Mais, d’abord, qu’est-ce que l’autorité sociale ? Et qui lui confère le droit d’intervenir ?

Autrefois, elle reposait sur deux principes reconnus aujourd’hui radicalement faux : la sanction divine et l’inégalité. Elle était un droit pour ceux qui l’exerçaient, qu’ils s’appelassent rois, aristocrates, prêtres. Alors les inférieurs, stigmatisés comme tels, avaient le devoir d’obéir à leurs supérieurs, prétendus élus de Dieu. C’était Dieu qui avait dicté les lois, Dieu qui nommait ses représentants. Telle était l’idée autoritaire du passé.

Mais, dans l’opinion moderne, l’autorité n’est plus qu’une fonction déléguée par les intéressés pour exécuter leur propre volonté.

Or, quelle peut être la volonté de deux êtres qui s’unissent ? Le bonheur, la garantie de ce bonheur, et pour les enfants, la sécurité de l’avenir.

Ici comme partout le droit nouveau est en lutte avec le droit ancien. Nos lois portent encore l’empreinte de l’antique despotisme et de l’arbitraire