Page:Marie Louise Gagneur Les Forcats du mariage 1869.djvu/80

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
les forçats du mariage

sité ? N’était-ce pas aussi la passion ? Cependant une réaction profonde s’opérait en elle : le dégoût, la haine, une haine ardente avaient pris la place de l’amour.

L’indignation lui prêta des forces.

Elle s’assit devant le bureau de Robert, et lui écrivit avec ces grandes lettres du désespoir :

« Je vous hais, et je vous méprise. Ne venez pas, je ne vous recevrais pas ; ne m’écrivez pas, je ne lirais pas votre lettre. Si je meurs, c’est vous qui m’aurez tuée.

» Juliette. »


vi


Le lendemain, quand Robert, en s’éveillant, aperçut cette lettre, il courut à la rue Jean-Bart ; il appréhendait un malheur.

Le médecin sort d’ici, lui répondit-on. Mademoiselle Delormel a une fièvre cérébrale qui met sa vie en péril.

Pendant une semaine, Juliette eut le délire. Chaque jour, Robert venait lui-même prendre de ses nouvelles.

Le huitième jour, il apprit que la malade avait recouvré sa connaissance, que tout danger était passé. Il demanda à voir Mme de Brignon. La