— Malheureusement, on ne nous croira pas : nous avons trop menti !
— Nos cicatrices fermeront la bouche aux incrédules.
— Moi, quand je serai officier, j’épouserai une demoiselle de la ville.
Il n’épousera pas même une paysanne : une balle musulmane détruit à jamais les projets orgueilleux du jeune Valaque.
Vraiment ! ils sont splendides à l’assaut ces « soldats de fer-blanc » ! Comme ils grimpent ! Et comme ils meurent, le sourire et la plaisanterie aux lèvres !
Ils sont bien, ainsi qu’ils le disent eux-mêmes avec une vanité légitime, ils sont bien les « Français de l’Orient ! » Dans un quart d’heure la redoute sera prise.
Les premiers rangs sont arrivés au haut de la colline que couronne l’ouvrage turc.
Tout à coup, un cri, un hurlement de rage sort de ces milliers de poitrines et va frapper au loin les oreilles du tzar. Les dorobantzi reculent consternés…
— Damnation ! s’écrie Cerneano avec une voix qui n’a plus rien d’humain, il y a un ravin entre la redoute et nous !
— Je vous l’avais dit, mon général, fait Isacesco : nous franchirons le ravin !
— Nous franchirons le ravin ! répète un écho formidable.
En ce moment même, un gémissement plaintif se fit entendre à côté d’Isacesco. L’étreinte de Rélia se détendit.
— Ioan… murmura-t-il… les corbeaux… Et il tomba, comme foudroyé, aux pieds de son ami.
Ioan demeura immobile. Son œil errait de la figure déjà pâlie du blessé à la silhouette de la redoute qui se