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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/112

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bien connu des bœufs et des chevaux roumains, il s’approcha de l’un d’eux qui, plus que les autres, lui parut vigoureux et capable de fournir une longue course. Le cheval hennit et se prêta aux caresses d’une main bienveillante.

Alors, enlevant Comanesco dans ses bras, comme les mères font des petits enfants, Isacesco assujettit ses pieds dans les étriers, et le cheval partit comme une flèche, emportant les deux cavaliers. Ce galop était si rapide que les sabots de la monture semblaient ne pas toucher le Sol ; la redoute fuyait à l’horizon, et Ioan aperçut bientôt les premiers feux du campement russe. Il arrêta son fougueux coursier devant la porte d’une jolie maisonnette qu’il crut devoir être hospitalière.

— Holà ! hé ! Qu’est-ce que c’est ? fit la voix bourrue d’un Cosaque.

Isacesco possédait assez bien la langue russe, qu’il avait apprise à Nicopolis.

— Ouvrez. C’est un blessé.

— Un Russe ?

— Non, un Roumain.

— Nous ne voulons pas de blessés ici : le tzar est dans la maison.

— Mais vous voyez bien qu’il va mourir.

— Raison de plus ! C’est la Saint-Alexandre ; le tzar est là, vous dit-on ! on ne reçoit pas de morts. Allez-vous-en !

— Mais où voulez-vous que j’aille ?

— Chez vos Roumains. Ils sont là-bas qui singent tout ce qui se fait à notre quartier général ; ils ont une façon de colonel qu’ils appellent Leganesco.

En d’autres circonstances, les paroles insolentes du Cosaque seraient retombées, métamorphosées en coups