Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/29

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
18

l’envi les plantes les plus diverses, était bien entretenu ; la maisonnette, recouverte de tuiles, semblait sourire par ses petites fenêtres garnies de rideaux bien blancs. Tout cela avait un air de propreté et d’aisance, qu’il n’est pas rare de rencontrer en Roumanie, quoi que l’on dise ou que l’on ait dit. Le voyageur s’arrêtait d’instinct devant cette riante habitation, et s’il s’informait des propriétaires : — C’est aux enfants du feu pope, aux Slobozianii, disait-on. Les superbes champs de maïs environnants attiraient-ils ses regards : — C’est encore aux Slobozianii, Mitica et Mariora ; si loin que l’on peut voir, tout appartient aux Slobozianii !

Tandis que les Russes, que nous venons de quitter, buvaient force vin de Cotnar, tout en habillant des plus sombres couleurs leur ami Liatoukine, cinq ou six jeunes Roumaines étaient réunies dans le jardin des enfants du pope. Quelques-unes d’entre elles pouvaient passer pour belles, pas une n’était franchement laide. Elles portaient toutes ce magnifique costume national qui semble un souvenir de l’Italie, et leur double tablier de laine bariolé, les broderies byzantines qui ornaient leurs manches de toile fine et les monnaies turques d’or qui brillaient dans leurs cheveux bruns, invariablement rassemblés en une natte épaisse, annonçaient qu’elles appartenaient à des familles de paysans riches.

Un joyeux babil s’élevait de ce joli groupe ; à vrai dire, on y déchirait un peu le prochain, comme cela se fait d’ailleurs dans tous les villages du monde à l’approche du soir. Et Dieu sait si les Moldo-Valaques ont bonne langue !

— Ces Russes ! dit une grande fille de vingt ans, ils s’imaginent que nous sommes leurs esclaves et qu’ils ont le droit de nous offenser.