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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/54

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on se bousculait ; les domestiques circulaient à grand’-peine, et au dehors on entendait les roulements de voitures emportant les invités.

Le prince G***, qui a des prétentions à l’esprit, criait partout que c’était bien du bruit pour un Polonais ivre ! Le mot n’eut pas de succès : le prince parut vexé et suivit la foule. Il ne restait plus dans l’immense salle, splendidement éclairée, que les quatre amis de Brzemirski et Domna Rosanda qui, encore vêtue de sa robe de bal, prodiguait des soins à Boleslas. Mais les essences orientales n’y pouvaient rien : le Polonais était mort. Liatoukine avait disparu.

Les officiers se regardèrent ; ils étaient tous fort pâles.

— Apoplexie ! dit Iégor pour rompre le silence.

— Non ! fit Sokolitch, c’est autre chose.

— Et quoi donc ?

— Dame ! est-ce qu’on sait !

Bogoumil, l’esprit fort de la troupe, haussa les épaules.

— Il me devait cinq cents roubles ! grogna-t-il en manière d’oraison funèbre.

Cependant, Domna Agapia se démenait comme un beau diable dans son lit.

— Dobré ! Dobré ! de la lumière ! Croyez-vous que je vais demeurer dans l’obscurité quand il y a un mort en bas !

La femme de service se retira après avoir apporté une bougie parfumée, et Domna Agapia continua ses lamentations.

— Ce Polonais ! sanglotait-elle, venir mourir en plein bal, face de moi, à mes pieds ! J’en ferai une maladie c’est certain ! L’autre officier était bien gentil… hi ! bien gentil ! Il sentait le vin, il était ivre, le rustre ! L’au-