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Page:Marie Nizet - Le capitaine vampire.djvu/75

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— J’ai froid ! dit-elle. En effet, la température était descendue à ce degré de fraîcheur qui succède ordinairement en Roumanie aux chaleurs extrêmes de la journée et qui occasionne ces interminables fièvres, devenues, en quelque sorte, la maladie nationale. Mais ce n’était pas la fièvre qui faisait frissonner Mariora. Et elle entama un long monologue qu’une conduite un peu moins extravagante lui eût certainement épargné.

— Où sont-elles maintenant ?… Zamfira est bien méchante ! J’ai peut-être mal fait de ne pas rester avec elles !… Je ne veux pourtant pas qu’elle épouse Mitica ! Oui, mas j’ai peut-être été trop… trop sévère pour elle, j’aurais pu lui faire comprendre avec plus de douceur… Après tout, ce n’est pas sa faute si elle aime Mitica ! L’amour… ça m’est venu tout seul, à moi ! Oui, mais elle devrait éviter Mitica, ne pas lui répondre quand il lui parle…

— Ferais-tu tout cela ? lui dit sa conscience.

Une bouffée du vent agita les feuilles des trembles. Mariora pâlit et tendit l’oreille.

— Décidément, j’ai eu tort, reprit-elle après s’être assurée que ce n’était rien.

Ce n’est pas Zamfira, c’est moi qui ai été méchante ! Ce n’est pas sa faute non plus si Aleca s’est laissée enlever, si Serban s’est fait musulman et si sa mère dansait pour cinquante bani !… Et moi, en présence de toutes ses compagnes, je lui ai rappelé… Ah ! je suis une misérable !

— Misérable ! répéta l’écho.

— Pauvre Zamfira ! elle a pleuré. Mais où peuvent-elles être ? J’ai marché aussi, moi… peut-être qu’elles ne sont pas encore très-loin. J’ai bien froid ! Il fait si noir, ici !… Si je les appelais !…