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Page:Marie d Agout Nelida 1846.djvu/21

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nélida.

Sainte-Élisabeth du ton le plus compatissant, oubliant qu’elle était venue là pour faire des reproches ; pourquoi vous trouvé-je ainsi toute en pleurs ? Auriez-vous quelque chagrin que j’ignore ? Me cacheriez-vous quelque chose, Nélida ?

— Rien au monde, ma mère ; reprit la jeune fille avec un accent de vérité convaincant.

— Mais ces larmes, cette prière, si avant dans la nuit ?

— Je souffre, ma mère, reprit l’enfant ; je souffre beaucoup.

— Pourquoi ne pas me le dire plus tôt ? Pourquoi ne pas me confier vos peines ?

La religieuse s’était assise auprès du lit ; Nélida se mit à ses pieds, et, prenant une de ses mains dans les siennes, elle y imprima ses lèvres brûlantes.

— Seriez-vous ici à regret, continua mère Sainte-Élisabeth, voyant que la jeune fille gardait le silence ?

— Pouvez-vous le penser ? répondit Nélida. Toute ma crainte, au contraire, est d’en sortir trop tôt. Le monde me fait peur ; j’éprouve à l’idée d’y entrer une appréhension inexplicable ; il me semble certain que j’y offenserai Dieu, et que je perdrai mon âme. J’entends sans cesse au dedans de moi une voix