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croit que Marie est née à Compiègne. Nous ne pouvons donc que persister dans nos conclusions, appuyées d’ailleurs sur de nouveaux arguments qui nous paraissent plus concluants encore. Jubinal, et après lui, Rothe (Loco citato, p. 326), Dinaux (Les Trouvères de la Flandre, p. 310) et les auteurs de l’Histoire littéraire de la France (t. xix, p. 793) croient que dans le fableau attribué à Jehan Dupin, et intitulé l’Evangile as fames, il s’agit de Marie de France[1]. M. Hertz, dans la préface de la traduction en vers allemands des Lais de Marie, n’admet pas cette opinion, mais sans donner des raisons bien sérieuses, et sans insister beaucoup. M. de Reiffenberg (l. c.ii, p. 742), hésite à se prononcer. Nous verrons bientôt que les preuves abondent.

Notons d’abord que les auteurs du moyen-âge qui parlent de notre poète la nomment simplement Marie. Ainsi, Denys Pyrame, dans sa Vie de Saint-Edmond (V. Rapport à M. le Ministre de l’Instruction publique par M. Fr. Michel, Paris, 1838 p. 231), après avoir fait l’éloge de l’auteur du Roman de Parthenopex de Blois, fait en ces termes celui de Marie :

E dame Marie autresi
Qui en rime fist e basti
Et composa des vers de Lais,
Ki ne sont pas du tout verais ;
Si en est elle mult loee,
Et la rime partout amee,
Kar mult l’aiment, si l’unt mult cher
Comte, baron et chevaler,
Et si en aiment mult l’escrit
Et lire le funt, si unt delit,
Et si les font sovent retraire.
Ses lais soleient as dames plaire.
De joie les oient et de gré
Kar sont selon lur volonté, etc.

  1. Voici les vers en question :

    Couplet 1. — Marie de Compiegne le conquist oultre mer.
    Couplet 2. — Ne que fait le renart qui happe la geline,
    Si come le raconte Marie de Compiegne.