croire, on ne gagnait des indulgences qu’au voyage de la Terre sainte, et ces mots oultre mer ne sauraient s’appliquer au voyage et au séjour de Marie en Angleterre. Il en conclut qu’il s’agit d’une autre Marie, qui aurait composé des Fables aujourd’hui perdues, et dont le nom seul nous serait connu. C’est se donner bien du mal en pure perte. M. Hertz n’a point vu, il est vrai, de manuscrit de l’Évangile aux femmes ; il cite d’après l’Histoire littéraire de la France le couplet qu’il donne et encore le cite-t-il mal, donnant le mot frappe au lieu de happe, ce qui donne un sens ridicule. Il ignore donc la leçon du ms. de Dijon, qui substitue le mot vray au mot hors, et montre ainsi qu’il faut non un adverbe, mais un adjectif avec la préposition de. Que cet adjectif soit hors, avec le sens satirique de vilain, mauvais, ce qui ne répondrait pas trop mal, à notre avis, au ton ironique de tout le morceau ; que ce soit fors, devenu hors par une erreur de copiste, et signifiant bon, solide, sérieux, peu importe. Mais ce qu’on ne saurait admettre, c’est qu’il faille voir dans les mots oultre mer, l’indication d’un voyage à la Terre sainte. À quoi bon aller si loin pour gagner les indulgences que peut procurer une satire si peu respectueuse, et un évangile si peu canonique? Le bon traducteur des Lais a été trompé par le second couplet qu’il a lu, et qui rappelle la fable de Marie de Compiègne où il est question d’un Renart happant une geline.Il n'y a pas, dit-il, de fable portant ce titre, dans l’Ysopet ; donc cette fable est d’un autre fabuliste nommé Marie. Il est vrai qu’aucune des fables ne porte exactement ce titre mais il y en a une où un renard fait preuve de ruse en happant un coq, par un artifice à peu près- semblable à celui par lequel un autre renard enlève au corbeau son fromage[1]. Voici cette fable, telle que la donne Tyrwhilt (The poetical Works of Chaucer : intro-
- ↑ Voir la fable de Marie de Compiègne, Dou Corb e d’un Werpil, ci- dessus, page 15.