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LAI DU FRÊNE.

tère, telles que les tours, les murs, le clocher, s’arrêta devant la porte pour implorer la faveur du ciel. Après s’être agenouillée, elle fit la prière suivante. Fais-moi la grace, ô mon Dieu, par ton saint nom de prendre cet enfant en pitié, et de le garantir de tout malheur. Sa prière achevée, la pucelle regarde derrière elle, et aperçoit un très-gros frêne, dont le fût se divisoit en quatre branches qui couvroient le terrain à l’entour de leur ombrage. Reprenant aussitôt entre ses bras l’innocente créature qu’elle avoit déposée, elle s’empresse de la placer sur cet arbre, puis l’ayant de nouveau recommandée à Dieu, la demoiselle part pour revenir vers sa dame, et lui rendre compte de ce qu’elle avoit fait.

En l’abbaye restoit un portier dont les fonctions étoient d’ouvrir les portes aux personnes qui venoient aux prières. Ce jour-là cet homme s’étoit levé de meilleure heure qu’à l’ordinaire. Après avoir allumé les cierges et les lampes, sonné les cloches, il ouvre la grande porte et sort ; le premier objet qui frappe ses regards en jettant les