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LAI DE LANVAL.

épaules. La chaleur l’avoit forcée de l’écarter un peu, et à travers cette ouverture qui lui mettoit le côté à découvert, l’œil aperçevoit une peau plus blanche que la fleur d’épine.

Le chevalier arriva jusqu’à la demoiselle qui, l’appelant, le fit asseoir à ses côtés, et lui parla en ces termes : C’est pour vous, mon cher Lanval, que je suis sortie de ma terre de Lains[1], et que je suis venue en ces lieux. Je vous aime, et si vous êtes toujours preux et courtois, je veux qu’il n’y ait aucun prince de la terre qui soit aussi heureux que vous. Ce discours enflamme subitement le cœur du chevalier, qui répond aussitôt : Aimable dame, si j’avois le bonheur de vous plaire et que vous voulussiez m’accorder votre amour, il n’est rien que vous ne m’ordonniez que ma valeur n’ose entreprendre. Je n’examinerai point les motifs de vos commandements. Pour vous j’abandonne le pays qui m’a vu naître ainsi que mes sujets. Non, je ne

  1. Je n’ai pu découvrir où étoit situé le pays ou la terre de Lains.