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LAI DES DEUS AMANZ.

De riches dras è de divers
Ce palefreiz è de sumers,
De ses humes les plus privez,
A li Danzeas od sei menez.
A Salerne vait séjurner[1]
A l’Aunte s’Amie vet parler
De sa part li dunat un brief :
Quant el l’ot lu de chief en chief
Ensemble od li l’a retenu
Tant que sun estre ad tant séu.130
Par mescines l’ad esforcié,
Un tel beivre li ad chargié,
Jà ne sera tant travailliez.
Ne si ateint, ne si chargiez,
Ne li resfrechit tut le cors,
Néis les vaines, ne les os,
E qu’il n’en ait tele vertu
Si-tost cum il en aura bu,
Puis le remeine en sun païs ;
Le beivre ad en un vessel mis140
Li Damiseas joios è liez.
Quant arière fu repeiriez
Ne séjurnat pas en la terre,
Al Rei ala sa fille quere,
Qu’il li donast, il la prendreit,
En-sum le munt la portereit.
Li Réis nel’ escundist mie,
Mès mut le tint à grant folie,

  1. La ville de Salerne dans le royaume de Naples fut longtemps célèbre par son école et ses principes de médecine ; le grand nombre de charlatans qui, dans les XIIe et XIIIe siècles, remplissoient les différentes villes de France, et qui annonçoient y avoir étudié, fit tomber cette école dans le discrédit.

    Guillot de Provins termine sa Bible par une violente satire contre les médecins, et ceux de Salerne sont les plus
    maltraités. Dans le dit de l’Herberie, dont il existe plusieurs versions (no 1830, fo 89, ro col. i ; no 7218 ; no M 11/3 fonds de N. D., fo 34, ro), il est rapporté des cures opérées par les étudiants revenus de Salerne, que n’auroit pas dédaignées notre célèbre Molière.