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LAI D’YWENEC.

glas[1]. Notre vieux et riche personnage se maria dans le dessein d’avoir des enfants, auxquels il transmettroit son immense héritage. La nouvelle épouse issue d’une grande famille, étoit aimable, sage et très-belle. Enfin elle avoit tant de bonnes qualités qu’on n’auroit pu trouver sa pareille depuis son pays jusqu’à Lincoln, et même en Irlande. Les parents commirent une grande faute en sacrifiant ainsi leur fille. Notre vieil homme qui étoit fort jaloux, mit tous ses soins à garder sa jeune femme ; pour cela il l’enferma dans une tour, et lui donna pour la surveiller davantage, moins que pour lui tenir compagnie, une vieille sœur qui étoit veuve depuis long-temps. Il y avoit bien d’autres femmes pour faire le service, mais elles se tenoient dans une autre chambre. La pauvre petite dame ne pouvoit ouvrir la bouche et dire un mot sans le consentement de son antique gardienne. Plus de sept ans s’écoulèrent sans que

  1. Voy. Ellis, loc. cit., tom. I, p. 152 et Ritson, ibid.