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LAI DU CHAITIVEL.

le sable. Ils abandonnèrent les étriers et n’eurent plus besoin de leurs chevaux. Les compagnons des vaincus accoururent pour les secourir et les garantir de la foule. Lors de la reprise du combat la mêlée fut terrible par l’acharnement des deux partis, et la force des coups qu’ils se portoient. La dame monta sur une tour pour mieux juger de l’adresse de ses amants, qu’elle sut parfaitement distinguer. Elle leur vit faire tant de prodiges de valeur qu’elle ne sait auquel devoir accorder le prix. Encouragés par les regards de leur belle, ils cherchent à se surpasser l’un pour l’autre. Le tournoi avoit commencé par le combat où les tournoyants séparés en deux troupes rangées chacune sur une ligne venoient se frapper de la lance pour se renverser. Il se termina par le combat à la foule, sorte de mêlée confuse, où l’on frappoit à tort et à travers sans savoir sur qui. Les quatre prétendants, qui n’avoient pas quitté la lice, se firent tellement remarquer que chacun leur accordoit le prix. Malheureusement, sur le déclin du jour, lorsqu’on faisoit la dernière course, les quatre