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SUR LES LAIS.

cain, Corneille Tacite, Ammien Marcellin, ont fait l’éloge des Bardes gaulois ; ils ont vanté leurs talents pour la poësie et pour la musique. En effet, au mérite de composer des vers, ils ajoutoient celui de les chanter en s’accompagnant de la harpe.

Lorsque Jules-César fit la conquête de la Gaule, les Bardes effrayés s’enfuirent devant les vainqueurs. La Bretagne devint leur asile jusqu’au moment où les barbares sortis du Nord, chassèrent les Romains. Ces derniers, à leur tour, se réfugièrent dans l’Armorique, et introduisirent l’usage de la langue latine dans cette province qui avoit toujours eu peu de relations avec le reste de la Gaule[1]. Leur séjour et l’établissement du christianisme, ne purent effacer les anciennes traditions apportées par les Bardes, partagées et conservées même par les Francs. De-là l’usage de chanter des vers, en s’accompagnant de la harpe.

J’ai fait observer que, dès le VIe siècle, le poëte Fortunat, évêque de Poitiers, avoit souvent fait mention des Lais ; il dit autre

  1. Glossaire de la langue romane, Préface, p. v.