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LAI DE GRAELENT

ser les débats et de suspendre le prononcé du jugement. Ma dame vient te parler en faveur de Graelent, qu’elle veut délivrer. Avant que la pucelle eût cessé de parler, la reine fut très-mécontente de ce qui se passoit. Au bout de quelques instants, il arriva au palais deux autres demoiselles encore plus jolies que les premières. Elles prient le roi de vouloir bien attendre quelques instants encore, et le préviennent de la venue prochaine de leur maîtresse. Comme elles furent regardées ! les barons ne pouvoient tarir sur leur beauté dont la reine n’avoit jamais approché. Mais ce fut bien autre chose lorsque la fée vint à paroître. À son aspect, toute l’assemblée se leva ; son extrême beauté, la douceur de ses traits, enfin ses yeux, sa figure, sa démarche, ne peuvent se comparer. Toute l’assemblée étoit dans l’admiration. Elle étoit vêtue très richement ; son manteau d’une pourpre vermeille, brodée en or, valoit au moins un château. Vanterai-je le palefroi qu’elle montoit, la selle, et tout le harnois qui valoit certainement plus de mille livres. Dès qu’on