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LAI DE L’ÉPINE.

croyant pas mal faire, s’assit près son ami, puis se couche à ses côtés. Elle lui donne cent baisers délicieux ; malheureusement pour eux, nos deux amants restèrent trop long-temps dans cette position. La reine s’étant aperçue de la disparition de sa fille, courut après elle et la trouva bientôt, puisque la porte de la chambre n’étoit pas fermée. En voyant ces deux amants étroitement serrés dans les bras l’un de l’autre, elle connoît leur amour et se doute bien de ce qui venoit de se passer. La reine irritée saisit sa fille par le bras, l’accable d’injures ; les deux amants sont séparés, la jeune fille est étroitement renfermée, et le roi est invité de faire veiller de près sur la conduite de son fils. Quel est le chagrin des jeunes gens ! Le prince ne pouvant supporter l’absence de son amie, il prend en haine la maison paternelle et veut l’abandonner. Dans ce dessein il va trouver le roi et lui parle en ces termes : Sire, je viens vous demander une grace, et j’ose espérer que vous ne me la refuserez pas. Je veux être armé chevalier, je veux aller en pays