Page:Marie de France - Poésies, éd. Roquefort, I, 1820.djvu/567

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
551
LAI DE L’ÉPINE.

étranger, j’entrerai au service d’un prince pour remporter le prix des armes. Depuis trop long-temps j’habite votre palais et je n’apprends point à me servir de mon épée. En lui accordant la faveur qu’il sollicitoit, le roi invita son fils à séjourner encore une année à sa cour, afin de suivre les tournois, de garder les pas d’armes, et courir les aventures, qui étoient assez fréquentes dans son royaume. Le damoiseau se rangeant à l’avis du roi, profita du conseil qu’il lui avoit donné, et il resta à la cour. De son côté sa jeune amie, qui demeuroit avec sa mère, étoit chaque jour injuriée, battue, maltraitée. Quel chagrin devoit éprouver le prince, lorsqu’il entendoit le bruit des coups donnés à son amie, et les cris que lui arrachoit la douleur ! Il ne sait quel moyen employer pour empêcher ces mauvais traitements dont il est l’unique cause. Les cris de sa maîtresse faisoient son supplice ; il fondoit en larmes dès qu’il les entendoit, et renfermé dans sa chambre, il employoit à pleurer, des journées entières. Malheureux ! se disoit-il ; comment ferai-je ? car je