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LAI DE L’ÉPINE

tent de si terribles coups sur le haut des écus, qu’ils en sont bientôt fendus et brisés. À la seconde course, leurs lances sont réduites en éclats, sans que l’un d’eux soit blessé ; mais tous deux, par la force du coup, sont renversés sur le sable. Ils n’avoient personne pour les relever et leur aider à remonter ; mais enfin, à force de peine, ils parvinrent à se placer sur leurs chevaux. Dès qu’ils sont en selle, les combattants rapprochent leurs boucliers de la poitrine, et abaissent leurs lances de bois de frêne. Le damoiseau, honteux d’avoir été renversé devant sa maîtresse, songe à se venger dans cette course, et à triompher. À la première attaque, leurs lances volent en éclats. Ils se portent des coups si terribles, que le chevalier aux armes vermeilles laisse tomber son bouclier. Encouragé par les regards de sa belle, le prince redouble d’efforts, renverse son ennemi, le contraint à vider les étriers, et s’empare de son cheval, qu’il retient par la bride.

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