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LAI DE GUGEMER.

blessure, Gugemer se met sur le lit ; après avoir pris quelques instants de repos, il veut sortir ; mais il s’aperçoit que le vaisseau, poussé par un vent propice, étoit en pleine mer. Inquiet de son sort, souffrant de sa blessure, il invoque l’éternel, et le prie de le conduire à bon port. Le chevalier se couche et s’endort pour ne se réveiller qu’aux lieux où il doit trouver un terme à ses maux.

Il arrive vers une ville ancienne, capitale d’un royaume dont le souverain, homme fort âgé, avoit épousé une jeune femme. Craignant certain accident, il étoit extrêmement jaloux. Tel est l’arrêt de la nature que tous vieillards soient jaloux, et que lorsqu’ils épousent de jeunes femmes, on ne soit nullement étonné de ce qu’elles leur soient infidèles. Sous le donjon étoit un verger fermé par une muraille en marbre verd, et bordé par la mer. La seule porte qui servoit d’entrée étoit gardée nuit et jour. On ne pouvoit y entrer du côté du rivage qu’au