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POÉSIES

Si k’à la terre l’abati,30
[a]Par un petit ne l’eu grevei[1]
Se li Sires n’éust criei,
Harou, harou[2], hé aidiez moi !
Si humme i saillent à desroi[3].
Chascun tient u mace u bastun,
L’Asne fièrent[4] tuit envirun
A grant martire è à dolur,
Polrent rescorre lor seignur.
[b]Deci que l’Asnes unt tant batu
Que il l’unt laissié tuit estendu40
A grant peine vint en s’estable.

MORALITÉ.

Saveir devuns par ceste fable
La ménière de meinte gent,
[c]Mult le puet-on veoir suvent
K’il tant se voelent enhaucier[5]

  1. Pur poi que il ne la tuei.

  2. Ausi ont li asnes tant batu.

  3. Moult bien poeiz veoir sovent.

  1. Peu s’en fallut qu’il ne le blessât.
  2. Au secours, au secours.
  3. Confusément, en désordre, à la hâte.
  4. Frappent, battent, du verbe ferir.
  5. Élever.