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POÉSIES

Q’il ne deie Bestes adeser [1],
Ne ke jamès à sun vivant
Ne menjust char ne tant ne qant.
Li Leus a vulentiers juré
Plus assez k’il n’unt demandé ;
Maiz quant il fu bien asseurez
Que li Liuns s’en fu alez,
Grant talent ot de char mengier.
Par enging voldra purchacier40

    L’on ne prêtoit et l’on ne recevoit le serment que dans un lieu saint, soit dans une chapelle ou dans une église. Celui qui s’engageoit devoit être à jeun ; il devoit s’être confessé et avoir communié. Après la messe, l’objet sacré se déposoit sur l’autel, le contractant s’approchoit, se mettoit à genoux, élevant la main pour toucher l’autel et ce qu’on y avoit placé ; alors il prononçoit la formule du serment. Cette manière de jurer s’appeloit jurare super sacra, par opposition à celle des ecclésiastiques, jurare inspectis sacris, c’est-à-dire jurer en présence des choses saintes, parce que ces derniers ne touchoient point les choses sur lesquelles ils juroient. C’est de là qu’est venue la coutume de lever la main en faisant serment, et pour les prêtres, de la tenir étendue sur la poitrine.

    Voyez du Cange, Glossar. ad voc. Juramentum, Jurare. Glossaire de la langue romane, aux mots Jurator, jurer de la main, sairement et serement. N. B. À ce dernier article j’ai rapporté la formule ancienne des serments. On voit une re-

  1. Battre, frapper, assommer, tuer.