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POÉSIES

que ces derniers ne soignoient pas les malades ; ils consultoient seulement pour les maladies, et jugeoient de leur caractère par les urines. Les arts de la médecine et de la chirurgie étant très-peu avancés à l’époque où Marie écrivoit, la connoissance des urines étoit alors une science fort importante et une partie essentielle de la médecine ; c’étoit par cette connoissance qu’on jugeoit de toutes les maladies ; préjugé dont l’on retrouve encore des vestiges dans la Belgique et dans quelques parties de la France.

Nous sommes messagiers le roi ;
Si nous envoie un Mire querre,
Passer devons en Engleterre.....
Et dist la dame, vous n’irez
Pas si loing comme vous penssez,
Quar mon mari est, je vous di,
Bons Mires, je le vous afi ;
Certes il set plus de mécines
Et de vrais jugemens d’orines,
Que onques ne sot Ypocras.

Fabliau du Vilain Mire, man. n° 7218, fo 140, R° col. 1.

Nouvel. édit. des Fabliaux, tom. III, p. 5 et 6.

Le Grand d’Aussy, Fabliaux, in-8o, tom. I, pag. 401 et 402.

On ne connoissoit d’autres écrits sur l’art de guérir, faits en France dans le XIIe siècle (Hist. litt. de la France, tom. IX, p. 193), qu’un Commentaire sur la Peste, et le fameux traité de Judiciis Urinarum, par Gilles de Corbeil, chanoine de Paris et médecin de Philippe-Auguste.

L’étude de la médecine pratique et de la chirurgie, surtout celle qui regarde le traitement, des plaies, entroit dans l’éducation des jeunes damoiselles de qualité ; ces talents leur étoient souvent utiles pour leur pères, leurs frères ou leurs maris, lorsqu’ils revenoient des tournois ou des com-