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NOTICE.

une addition de contes ou de fabliaux, dans une collection de fables, peut devenir la preuve de la falsification d’un manuscrit ?

Si ce système étoit jamais admis, on pourroit alors regarder les fables d’Ésope[1] et de Phèdre comme ayant été altérées ; on pourroit même rejeter comme leur étant étrangères, toutes les pièces dont ils ont embelli leurs ouvrages, et qui, s’éloignant du genre qu’ils avoient adopté, plaisent au lecteur par la variété et raniment son attention. Personne, jusqu’à ce jour, ne s’est certainement imaginé de penser qu’elles leur aient été faussement attribuées. Rejetons un point de critique aussi erroné que nouveau, et pensons que Marie avoit traduit les petits contes qui se trouvent parmi les fables. Elle les avoit trouvés, sans doute, dans l’original anglois ; elle les a embellis et ornés avec les graces de son esprit et les charmes de la poésie de son temps. Le Grand d’Aussy nie encore l’existence de la collection de fables traduites en anglois ; il assure même que cette prétendue version n’est qu’une sorte de charlatanerie littéraire fort en usage dans les XIIe et XIIIe siècles où, presque toujours,

  1. Voyez sur Ésope, son article dans le Dictionnaire de Bayle.