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NOTICE.

la plume de ce prince, n’ont-ils fait aucune mention de cette traduction des fables d’Esope. D’où vient que Spelman, à qui l’on doit une histoire si étendue de ce monarque [1], et qui semble avoir recueilli toutes les circonstances de sa vie littéraire et politique, a-t-il gardé le silence le plus absolu sur cette version, tandis qu’il a nommé celles de Boëce et du Pastoral de saint Grégoire ? Comment se fait-il que deux historiens qui font connoître jusqu’aux moindres circonstances, jusqu’aux plus petits détails de la vie d’Alfred, aient pu oublier un ouvrage qui auroit donné une preuve certaine de la science et des connoissances de ce monarque dans la langue et la littérature grecque. Ce silence de la part des historiens doit autoriser à douter de ce fait ; les raisons suivantes le prouveront encore mieux.

Au silence des biographes qui ont parlé d’Alfred, on peut joindre le témoignage de Spelman qui a fait connoître les différentes productions de ce prince[2], et qui ne parle pas de celle-ci. Mais comment expliquer ce grand nombre d’expressions qui

  1. Spelman, vita Alfredi magni Anglorum regis. Oxonii, 1678 in-fo.
  2. Loc. cit., p. 93 — 98,