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NOTICE.

On seroit peut-être tenté de conclure que ces trente-neuf fables ont été composées par Marie ; mais en y réfléchissant, on verra qu’elle même n’a donné à son ouvrage que le titre de traduction, et qu’elle se fait honneur de l’avoir entreprise. Or, si ces fables avoient été le fruit de ses méditations et de son génie, comment auroit-elle passé sous silence un fait semblable ? Lorsqu’un auteur et sur-tout un poëte s’enorgueillit du titre modeste, de traducteur, peut-on présumer qu’il sacrifieroit le nom d’inventeur lorsqu’il a des raisons suffisantes pour l’obtenir ? D’ailleurs Denys Pyranius, qui a tant vanté la fertilité et la richesse du génie de Marie lorsqu’il a parlé de ses lais, assure qu’elle a traduit les fables.

Le Grand d’Aussy en a publié quarante-trois qu’il a imitées en prose[1] ; et c’est à peu près le nombre de celles qui ne se trou-

  1. Fabliaux, tom. IV, Loc. cit. Parmi les quarante-cinq fables traduites par le Grand, il en est deux, L’homme, le Renard et le Serpent, p. 193, et le Villain qui donna ses Bœufs au Loup, p. 242, dont on ne trouve point les originaux parmi les productions de Marie. La dernière, traduite de l’Arabe, est tirée du Castoyement, recueil imprimé dans la nouvelle édition des Fabliaux de Barbazan ; elle se trouve dans le tome II, p. 144.