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et dont la souveraineté n’est plus que nominale, invite à ses fêtes les officiers des navires de passage. Loti subit le charme émanant à la fois de la nature enchanteresse et des voluptueux habitants de « la nouvelle Cythère ». Ce charme qu’ont depuis lors en grande partie annihilé les entreprises commerciales facilitées par la rapidité toujours croissante des communications avec l’Amérique, Loti révoquera quelques années plus tard dans Rarahu.

En 1876, Loti, alors enseigne de vaisseau, prend sur le Gladiateur, à Constantinople, la place d’un de ses collègues parvenus au terme de son embarquement.

Un ingénieur éminent de notre marine, Mongel-Bey qui, à cette époque, vivait sur le pied d’intimité avec l’état-major de la canonnière française, nous raconte ainsi les souvenirs que lui a laissés le jeune enseigne :

« Comme peu de jours se passaient sans que j’allasse à bord du Gladiateur, je fis la connaissance de Viaud, très peu après son arrivée. Il me fit l’impression d’un garçon assez froid, renfermé plutôt par excès de timidité. Petit de taille, presque imberbe, il avait l’air d’un adolescent et cet air de grande jeunesse était encore augmenté par les petites vestes de « midship » anglais qu’il avait l’habitude de porter. Dans nos déjeuners au carré, déjeuners toujours gais, aux propos plutôt lestes, Viaud prenait peu de part aux conversations, sauf quand ces conversations portaient sur les îles enchantées du grand Pacifique. Pendant les deux