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Le livre qui suivit Le Spahi, Fleurs d’Ennui, 1882, est l’un des moins connus de Loti. C’est à coup sûr l’un des moins composés. Écrit à bâtons rompus, composé de dialogues entre Loti et le Plumkett d’Azyadé et de morceaux détachés, il est pourtant intéressant à plus d’un titre. D’abord il nous révèle un Loti humoriste des plus spirituels et assez ignoré ; ensuite il enferme sur l’enfance et la jeunesse de l’auteur des anecdotes d’une délicieuse fraîcheur et qui aident puissamment à comprendre l’être complexe qu’est Loti.

Loti promu lieutenant de vaisseau en 1881 fait d’abord deux ans d’escadre sur les côtes de la Bretagne et de l’Océan.

En 1883 il publie Mon frère Yves.

Le succès cette fois fut éclatant. Les critiques qui semblaient les moins accessibles au charme se dégageant de cette œuvre impressionniste conviennent de l’incontestable puissance de ce livre : « Sous ce peintre hardi, quelquefois même brutal, de la réalité, écrit Brunetière dans la Revue des Deux-Mondes, certainement il y a un poète, un poète avec son idéal et ses moyens à lui.

On peut dire cependant que l’intrigue toujours très réduite des romans précédents est dans Mon frère Yves, réduite à peu près à rien ; quant à la forme, c’est peut-être le livre de Loti où elle est le plus lâchée. Le plus souvent on trouve, au lieu de descriptions achevées, de simples notations impressionnistes. Les verbes font défaut et le plus souvent la phrase commencée finit par une série de points…