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Madame Chrysanthème, et Japoneries d’automne.

Le premier de ces livres nous donne le journal de Loti pendant la campagne de Chine. Rien n’égale la magie descriptive de certaines pages consacrées à Singapour, à l’Annam, à Mahé des Indes.

Un Vieux, nouvelle réaliste, est à rapprocher par sa simplicité de certaines œuvres de Flaubert ou de Maupassant, mais on y trouve en plus une exquise délicatesse de touche estompant tous les détails répugnants sans nuire à la vigueur du tableau ; on y sent aussi une pitié profonde pour les détresses humaines, que les devanciers réalistes de Loti n’avaient guère exprimée.

Malgré tout, il n’est pas dans le volume de pages qui passent en grandeur émouvante celles que Loti consacre à l’amiral Courbet. On sent sous celles-là moins encore un artiste consommé qu’une âme de marin épris de son métier et de soldat sachant comme Vigny comprendre la beauté souvent tragique et cruelle de sa tâche.

Lors de la prise de Hué, Loti avait écrit des lettres au Figaro relatant les scènes de la campagne. Notons que c’est à tort qu’on a prétendu que Loti fut à ce propos mis en disponibilité, car les explications qui lui furent demandées furent reconnues comme pleinement satisfaisantes par ses chefs.

Madame Chrysanthème, qui succéda à Propos d’exil, est loin d’être le chef-d’œuvre de Loti. Ce dernier était trop profondément hostile aux laideurs et aux vulgarités du modernisme pour pardonner aux Japonais de renoncer à tout un décor